lundi 10 mars 2008

WORLD DESCRIPTION

16 Juin 2016, 15h42

Un sifflement, ténu au début, puis strident. Une clameur assourdissante, vrillant les tympans, étouffant tout autre bruit. Le silence, dans un rugissement.

Dans le ciel, une traînée gigantesque de fumée et de flammes traverse l'atmosphère, perce les nuages... Une immense flèche incandescente, large de dizaines et longue de centaines de kilomètres qui file droit vers la Terre. Elle survole Boston, New York, et s'abat au Mexique, à la frontière des Etats-Unis, au bord de l'Océan Pacifique...

Le choc est titanesque. Des secousses d'une intensité terrifiante balaient la planète toute entière. Des raz-de-marée colossales défilent et s'abattent sur les îles du Pacifique et jusqu'en Asie. Des villes sont rasées, les gratte-ciels et les immeubles tombent comme des châteaux de cartes... Dès les premiers jours, on dénombre des centaines de milliers de morts. Une apocalypse. L'enfer sur terre...

Mais cela ne faisait que commencer.

Les particules rejetées dans l'atmosphère par l'impact obscurcirent le ciel. Des tempêtes foudroyantes commencèrent à souffler. Des nuages noirs cachèrent le ciel et le soleil... La température chuta de plusieurs degrés. Un hiver nucléaire. Un désastre pour l'éco-système. Bientôt, les thermomètres tombèrent à 0 degrés, puis -10. Une neige noire s'abattit sur le monde, recouvrant la planète d'un manteau funeste. Les cultures se flétrirent, le bétail périclita. La nourriture se fit rare, les ravitaillements incapables de contenter tout le monde. Une famine s'ensuivit, atroce, inhumaine... Nombreux sont ceux qui moururent de froid.



L'économie
mondiale s'effondra. Toutes les organisations, infrastructures, tous les protocoles de crise mis en place pour pallier à un tel cataclysme échouaient tour à tour. Personne n'avait imaginé un désastre à une telle échelle. Toutefois, le contact fut renoué entre les différents Etats et pays. Des comités internationaux rassemblant scientifiques, économistes, politiciens, militaires, organisations humanitaires se mirent en place pour sortir de la crise et comprendre ce qui s'était passé... Peu à peu, l'humanité redressa la tête.



On apprit que trois autres "corps célestes" a
vaient accompagné le premier. Un avait atterri en Mongolie. Un autre en Afrique. Le dernier, selon les rumeurs, s'était stabilisé en orbite, au dessus des nuages insondables et du noir perpétuel qui avait envahi le monde...

Ce n'est qu'alors que l'horreur véritable débuta.

Sur tout le long du "Sillage", le parcours du corps céleste depuis Boston jusqu'au Mexique, des gens tombèrent grièvement malades. On raconta que même avant le choc, une neige noire et chaude s'était répandue dans ces régions. Comme des cendres, mais devenant liquides et huileuses en touchant le sol... Peut-être était-ce le vecteur de la contamination ? Quoi qu'il en soit, beaucoup tombèrent malades. Toux, vomissements, anémies, saignements, sang devenant sombre... L'épidémie s'étendit, au point d'infecter un quart de la population survivante.

Les foyers se trouvaient dans les régions du Sillage et aux alentours proches. Il n'y eut d'autre moyen que de barricader ces endroits, empêchant toute personne de passer, de mettre ces zones en quarantaine, afin de faire mourrir l'infection en même temps que tous les hôtes. Ce fut une tragédie.

Une fois la pandémie endiguée, on remarqua que certaines personnes avaient survécu. Qu'elles étaient résistantes à l'agent infectieux. D'autres aussi, mais elles étaient quant à elles porteuses saines, comme si l'agent était en sommeil en eux.

On remarqua que ces derniers commençaient à développer des talents particuliers : télékinésie, télépathie, régénération cellulaire... Le monde assista stupéfait à ces prodiges. Certains, émerveillés, se prosternèrent, et en firent des anges, des messagers de Dieu venus les sauver. D'autres, méfiants et sceptiques, les traitèrent de monstres et d'abominations.

Au départ, les autorités gouvernementales de crise ne surent comment répondre à un tel phénomène. Les discussions ineptes se multiplièrent, sans réelle concrétisation. Le monde, encore sous le choc, ne savait comment réagir. Devait-on légiférer, modifier des lois pour couvrir leurs capacités, les interdire ? On commença par leur demander de s'enregistrer auprès des autorités, afin de les répertorier. On commença des études scientifiques sur eux, certains au grand jour à travers des volontaires, d'autres, moins avouables, en secret...

L'opinion se scinda en deux courants opposés. Les uns militaient pour l'intégration de ces êtres aux talents exceptionnels, les autres pour leur exclusion de la société. Certains bataillaient pour asseoir leurs droits, d'autres, à les bannir, les parquer... les exterminer. Certains les considéraient comme un nouveau palier franchi par l'humanité dans son évolution. D'autres comme un danger et une bombe à retardement, car ils avaient en eux une sorte de parasite extraterrestre (ou symbiote, selon certains).

Le monde politique se fractura à ce sujet entre sympathisants et opposants à cette nouvelle classe d'êtres humains. Les débats furent longs et véhéments. Chacun campait sur ses positions. Mais entretemps, rien n'était fait, et la population commença à agir par elle-même. On assista à la naissance de cultes, de sociétés, de regroupements, de manifestations, mais aussi à des lynchages, des meurtres, et autres exactions.

Mais un incident modifia la donne. Au cours d'une rixe avec un groupe anti-'mutant', le métahumain victime de l'agression a perdu le contrôle de son pouvoir. Pendant quelques secondes, il s'est mis à irradier tel un soleil miniature, tuant instantanément 34 personnes, carbonisant son environnement proche, et irradiant plus de 300 personnes alentour.



L'opposition se rassembla autour de cet incident, qui prouvait la dangerosité de ces individus. De plus en plus extrême et véhémente, financée par la nouvellement formée Unified Churches of America, la faction devint de plus en plus puissante et populaire parmi les Etats conservateurs du sud. Sous la tutelle des Eglises Unifiées, elle proclama son indépendance et fit sécession avec les Etats du nord, plus tolérants. Un nouveau président sudiste fut élu, prenant le titre de Pontifex, et décréta l'extermination de tous les métahumains. L'une de ses premières actions fut d'envahir le Mexique, malgré l'indignation de la communauté internationale, et de sécuriser le site du crash.

Le nord ne tarda pas à riposter face à cette auto-proclamation jugée illégitime. La guerre éclata, sanglante, entre le nord et le sud, coupant le pays en deux autour d'une ligne de démarcation, un front appelé aujourd'hui The Scar, la Cicatrice. Le conflit provoqua un second krach économique mondial, et stoppa le redressement qui s'était péniblement amorcé...

La guerre était profondément déséquilibrée, tout du moins au début. Soutenue par des métahumains aux pouvoirs dévastateurs, l'Alliance nordiste enfonça rapidement les défenses adverses. Le sud, poussé dans ses derniers retranchements, utilisa des ogives nucléaires, dans un ultime geste d'intimidation. La guerre ne devait pas durer très longtemps... Mais quelque chose changea du tout au tout.

L'UCA développa en secret une arme technologique capable de tuer les métahumains. Des nanomachines, en réalité, qui une fois dans le corps de l'un d'eux, ciblaient et tuaient le symbiote, causant parallèlement à cela la mort de l'organisme hôte. Le nord, pris au dépourvu, fut repoussé jusqu'à la frontière originelle. Le front se stabilisa, s'enlisa, même...

La United States Federation, au nord, consolida son pouvoir en recrutant de plus en plus de métahumains. Le Culte des Messagers, comme on appelait les corps stellaires tombés sur terre, prit de l'essor. L'Europe, démunie, apporta son soutien matériel et logistique à la Fédération, contre le prêt de troupes de soldats aux capacités spéciales. Le Culte incita les autorités à lancer une Croisade gigantesque afin de 'libérer' le Messager détenu par l'UCA.

L'UCA, au sud, développa sa technologie au maximum, l'incorporant dans des munitions d'armes à feu et des explosifs à large diffusion de particules. Elle traqua les métahumains sur son territoire avec ferveur, mettant en place une nouvelle Inquisition. Les exécutions publiques furent nombreuses, ainsi que les rafles et les déportations. Les Eglises Unifiées abandonnèrent tout relent de démocratie, afin d'établir une Théocratie dure, inflexible et monolithique.

En dehors des Etats-Unis, la situation n'était pas moins critique. La Russie et la Chine attaquèrent toutes deux la Mongolie afin de mettre la main sur le précieux corps stellaire. Le conflit ravagea la région... En Afrique, les guerres ethniques éclatèrent et redoublèrent de vigueur, exacerbées par la présence du Messager, décimant le continent, malgré une tentative de supervision de l'Alliance européenne.

Et au-dessus des nuages, le quatrième Messager trône, silencieux, comme une ombre...

Aucun commentaire: